Notre société a nourri depuis de nombreuses années une certaine culture de la santé. Cette culture nous pousse à avoir une confiance totale dans la médecine et dans tous les représentants de la santé que nous rencontrons.
Il nous est assez difficile de remettre en question un diagnostic ou un traitement.
Il peut même arriver que si le traitement n’a pas fonctionné, on en arrive à penser que ça pourrait être de notre faute : un manque d’observance thérapeutique, un corps ou un esprit qui fonctionne à l’envers, des réactions étranges qui se trouvent hors de la « normalité », etc.
Nous pouvons vite nous retrouver en dehors des cases et des standards de la société, ce qui nous pousse à une perte de confiance en soi et/ou dans les thérapeutes en général, à une auto-critique voire à de la honte envers nos problèmes de santé. Il en découle donc un isolement dans nos souffrances, avec une grande volonté de faire disparaître « ce qui va mal ».
Et pourtant, malgré ce constat, qu’il s’agisse de médecine du corps ou de l’esprit, nous avons pris l’habitude de nous en remettre à la science et à l’expertise de la personne qui nous reçoit pour qu’elle « soigne » et « règle » nos problématiques le plus rapidement possible.
Nous acceptons par là qu’il y ait des grilles de lecture de symptômes applicables d’une personne à l’autre, et qui nous donnent des solutions rapides.
Nous acceptons donc l’idée qu’un individu subit et vit chaque maladie et symptôme de la même manière qu’un autre individu et cela peu importe ses expériences passées et son histoire ?!
Cette vision du soin nous rend plutôt spectateur de notre santé, passif, dans l’attente de réponses que nous ne pourrions de toutes façons pas détenir.
Mais finalement qu’est-ce-que notre santé représente pour nous ?
Qu’est-ce qui compte pour nous pour « être en bonne santé ? »
A cette question, nous sommes les seuls à pouvoir répondre.
Pour certains « être en bonne santé », c’est : manger équilibrer, faire du sport, ou ne pas dépasser un certain poids, avoir une belle peau, ne pas être malade physiquement ou mentalement, être bien dans sa tête, se sentir heureux au quotidien, être aligné dans sa spiritualité, etc.
En somme, des réponses très variées et propres à chacun.
Si la santé est vue différemment selon les personnes que l’on interroge, la maladie elle non plus ne fait pas consensus.
Si les maladies et les diagnostics sont facilement identifiables, la gravité et l’importance que nous leur attribuons sont très variables.
En effet, une maladie s’exprime par ses symptômes. Et nous avons tous une façon propre de ressentir et de vivre ces symptômes.
Quand certains vont s’inquiéter de céphalés, d’autres vont les ignorer, ou bien quand certains vont prêter beaucoup d’attention à leurs angoisses, d’autres vont tenter de les chasser.
Des symptômes « identiques », ne vont pas provoquer les mêmes ressentis physiques, ni engendrer les mêmes pensées, ni pousser aux mêmes réactions.
Mais si la santé et la maladie n’ont pas la même signification et la même importance pour tous, quel sens donne-t-on chacun au mot « soigner » ?
Le soin, se doit-il d’être individualisé ? Peut-on accepter l’idée qu’il soit standardisé et universalisé ?
Aujourd’hui, en tant que thérapeute, je me rends compte de l’importance de cette passivité que nous avons dans nos décisions de santé et de la place qu’elle prend lors des séances de psychothérapies.
Les patients attendent de moi des solutions rapides, que « je les soigne » de leurs maux.
Or, cela place le patient dans une position d’attente.
Pour moi, un psychologue ou un thérapeute en général, n’a d’autre vocation que de guider l’autre vers ce qui est le plus adapté pour lui et dans ce qui lui conviendrait le mieux.
Ce travail de guidance, prend tout son sens dans mon travail, car il me permet de remettre le patient au cœur de ce qu’il vit. C’est lui l’expert de son corps et de son esprit, c’est à lui de m’apprendre tout ce qu’il sait sur lui, son vécu et ses symptômes actuels.
Il n’y a finalement qu’un expert dans la pièce et c’est le patient lui-même. Il vit tous les jours avec son corps et ses pensées, et personne d’autre ne peut les expliquer mieux que lui.
C’est donc dans une attitude active qu’il pourra aller explorer pleinement ce qu’il vit.
En accompagnant la personne dans ce discours, on l’aide finalement à prendre conscience qu’elle en sait déjà beaucoup sur son état.
C’est lui rendre le pouvoir sur sa santé, et la rendre active dans un processus de changement.
C’est là qu’ensemble nous partons à la quête des ressources qu’elle possède déjà pour faire face à ses problèmes.
Nous sommes tous en capacité de savoir ce qui est bon ou non pour nous, il suffit de s’écouter et de se faire confiance. (facile à dire !)
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