Les étiquettes que nous vivons
Je suis dépressif.
Je me sens déprimé, j’ai des symptômes dépressifs.
Je suis handicapé.
Je vis avec un handicap.
Je suis agaçant et colérique.
La colère m’aide à exprimer mes besoins.
Je suis malade.
J’ai attrapé une maladie.
Je suis hypersensible.
J’ai une sensibilité propre à certaines situations.
Je suis réduit à une étiquette.
Je suis un être humain, une personne avec des forces, des ressources et des qualités qui me sont propres.
Sortir de ce fardeau
Sortir du fardeau des étiquettes que nous nous sommes mises, que la société nous a collées, ou que notre éducation nous a imposées.
Les étiquettes, si elles nous donnent l’impression de mieux nous connaître et nous proposent des raccourcis tentants sont souvent négatives : elles nous enferment dans un rôle.
Ce rôle est régulièrement dicté par les différentes normes sociales que nous nous sommes fixées.
Nous nous forçons inconsciemment à coller aux stéréotypes de nos étiquettes, pour nous conformer à ce que l’on attend de nous.
Et nous ne nous autorisons que trop rarement à en dévier.
Parfois ces étiquettes sont tellement présentes, qu’elles englobent toute notre personnalité. Il nous suffit alors de dresser la liste de nos étiquettes lorsque nous nous présentons, et les personnes que nous rencontrons ne voient plus que ça en nous.
Notre cerveau est formaté et habitué à chercher les chemins les plus courts et à créer des raccourcis dans notre esprit. Nous synthétisons les informations extérieures et nos pensées pour les ranger plus facilement dans notre mémoire.
Cependant, toutes nos pensées vont participer à la formation de « qui nous sommes ». À l’image mentale que nous nous faisons de nous-mêmes.
Les mots que nous employons au quotidien pour nous décrire ont un poids énorme, et un impact parfois considérable sur la construction de qui nous sommes.
Ainsi, se dire « je suis dépressif », réduit tout notre ‘soi’, tout notre ‘être’ à cette étiquette de dépressif.
Toutes nos actions vont être alors interprétées dans ce sens par notre cerveau.
Par exemple : «je suis fatiguée, parce que je suis dépressif», «Je ne suis pas sorti aujourd’hui, parce que je suis dépressif», « je ne vais plus pouvoir rien faire parce que je suis dépressif ».
De même, les étiquettes qui nous dissimulent, induisent chez l’autre une catégorisation de qui nous sommes et de comment nous devrions être.
Tout ce que nous allons faire ou dire sera interprété et exacerbé par ce que nous montrons.
Par exemple : « S’il ne joue plus avec nous, c’est parce qu’il est dépressif » , « Hier il s’est énervé contre moi, mais c’est juste parce qu’il est dépressif. »
Le changement de point de vue et la prise de distance, en changeant cette simple phrase de « je suis… » par « je me sens… », permet à notre conscient de dire à notre inconscient de prendre de la distance et de nous remettre dans notre juste place d’être humain.
C’est reprendre le contrôle de qui nous sommes.
À mon sens, une thérapie est aussi là pour nous aider à incarner notre individualité entièrement. À trouver et à décoller toutes ces étiquettes qui cachent notre vrai nous, qui nous réduisent à ce que nous ne sommes pas réellement.
Prendre cette distance, c’est accepter que :
- une émotion est un état corporel et psychologique et elle ne nous définit pas en tant qu’individu.
- une maladie peut être chronique, passagère, grave, guérissable, ou incurable, mais elle ne nous réduit pas à elle.
- un diagnostic psychiatrique peut expliquer certains états, symptômes, ou réactions mais il ne nous décrit pas en tant que personne.
- un comportement est une réaction logique à une émotion et une situation, mais il n’annonce pas tous nos futurs comportements.
- une erreur au travail ou une mauvaise note est le signe d’une difficulté dans un domaine, mais ne prédit pas tout notre parcours.
S’incarner, c’est accepter d’être traversés par un tas d’expériences qui vont nous enrichir et nous faire grandir, nous élever sans nous réduire à un seul et même aspect de notre vie.
C’est accepter la complexité de nos états internes.
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