Comment allier mentalisation et corps dans la thérapie ?

Les études de psychologie et les théories que l’on apprend nous poussent vers une mentalisation et une conceptualisation de l’humain et de ses réactions.
Au fil des expériences on apprend à analyser et sonder toujours plus profondément l’esprit humain et à appréhender chaque nouvelle histoire comme une étude de cas.
On développe son vocabulaire théorique et on intègre des concepts de plus en plus poussés.
Notre cerveau est en constante recherche de réponses, de solutions, de compréhensions.
Les connaissances acquises nous apparaissent alors rapidement comme des bouées de sauvetage, qui nous raccrochent à un semblant de vérité, et nous empêchent de nous perdre dans les méandres et les labyrinthes des tourments des humains qu’on rencontre.
Quand on commence à travailler, on s’accroche fermement aux fondements théoriques de notre profession pour lutter contre l’impression d’imposture face aux patients, ou pour se conforter dans un sentiment d’efficacité.

La psychologie est depuis longtemps considérée comme une science : les malheurs, la souffrance humaine, les joies et les bonheurs communs sont soumis à l’expérimentation scientifique, et à l’élaboration de concepts.

Un passage obligatoire pour une évolution de posture thérapeutique ?

Les études de psychologie sont une étape indispensable pour approcher les problématiques et tenter de comprendre les personnes que l’on peut être amené à rencontrer en thérapie.

Mais… Eh oui il y a un mais !

Quels risques prend-on à rester centré sur la théorie, et à ne plus sortir son nez des livres et des articles scientifiques ?

À ne se centrer que sur les connaissances théoriques, à mentaliser les problématiques de nos patients, on peut perdre tout l’indescriptible qui se cache dans les relations humaines. On crée une barrière de mots et de concepts entre nous et nos patients.

Pour nous protéger ? Parce qu’on nous a appris, depuis toujours, qu’à trop s’ouvrir à l’autre on risquait de se montrer faible ?

Un suivi en psychothérapie c’est d’abord une rencontre humaine. Et chaque rencontre est unique, peu importe la raison de cette rencontre.
On peut recevoir dix « personnes dépressives » à la suite, on rencontrera bien dix humains différents : avec des particularités propres et des histoires différentes, avec chacun une approche et un vécu uniques de leur souffrance.

On parle de lien et de relation thérapeutique ! Mais que deviennent ces termes si on met de côté leurs fondements et l’essence même des relations humaines ?

Pour moi un accompagnement psychologique nous engage en temps que thérapeute dans notre entièreté et notre individualité.
En consultation, je laisse tous mes sens activés, je les laisse prendre la place dont ils ont besoin pour comprendre l’individu qui vient à ma rencontre.
Mon intuition me guide dans ce que je perçois et apporte à l’autre.
Seule l’ouverture à soi et à l’autre nous permet de le faire et de le comprendre.

Notre corps réceptionne en permanence des signaux de ce qui nous entoure et réagit en fonction de ce qu’il perçoit.
Parfois le flux de nos pensées et la recherche de pragmatisme nous coupent de nos sensations corporelles, nous poussent à mettre de côté nos intuitions et notre corps, comme si cette part de l’équation était inexistante.

Pourtant, notre esprit et notre corps travaillent si bien ensemble ! À nous de bien vouloir les laisser collaborer…
Ils s’enrichissent l’un l’autre, et nous ne pouvons pas nous passer du corps pour appréhender, rencontrer et comprendre l’autre dans son entièreté.

Il est essentiel de sortir parfois de nos réflexions pour écouter ce que notre corps et nos sensations ont à nous dire. Il est essentiel de faire confiance à notre nature profonde pour contourner les automatismes du mental.


0 commentaire

Laisser un commentaire

Avatar placeholder

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *